dimanche 15 avril 2018

OSEZ 20 HISTOIRES DE CANDAULISME de Collectif


4ème de couverture :
"Le candaulisme, c'est le fantasme de voir son ou sa partenaire faire l'amour avec une autre personne, en participant ou non. En constatant qu'il était de plus en plus répandu dans la population, nous avons logiquement décidé de lui consacrer un recueil. Et le moins qu'on puisse dire est qu'il a inspiré nos auteurs ! Ils vous raconteront, dans 20 histoires aussi diverses qu'excitantes, ce qu'il se passe dans la tête des candaulistes et de leurs partenaires. Qu'est-ce que ça fait, de voir sa femme prise par un autre homme ? Qu'est-ce que ça provoque, de voir son homme faire jouir une autre femme ? Jalousie ? Désir ? Un mélange des deux ? À mi-chemin entre amour passion et libertinage débridé, ces 20 histoires vous diront tout du candaulisme... au risque de vous donner envie de vous y mettre à votre tour ?"

Alors, doc, verdict ?
20 histoires, 20 auteurs, 20 sensibilités pour raconter le candaulisme.
C'était la promesse. Le candaulisme a ceci de particulier qu'il permet une variété de schémas assez limitée. Dès lors, l'originalité réside dans la plume de chaque auteur. À l'arrivée, peu d'entre eux ont su jouer avec le thème pour le transcender
Alors qu'avec les autres Osez, je m'étais attardée sur mes nouvelles préférées, cette fois, j'ai balayé l'ensemble des textes. Je les ai d'abord notés, afin de les classer par ordre de préférence. Mais les notes, c'est bon pour l'École des fans, on est d'accord.
Par ailleurs, je savoure les textes petit à petit, en une ou deux semaines, afin de garder une certaine fraîcheur d'analyse, et éviter ainsi la lassitude d'un marathon sexuel de papier.

Il est entendu qu'il s'agit d'une chronique basée essentiellement sur l'aspect émotionnel. On lit rarement les Osez 20 histoires pour se titiller le cortex... toutefois, cela n'enlève pas l'intérêt d'une seconde grille de lecture, plus stricte, qui permet de mettre en avant des plumes aux qualités indéniables.

Avant de conclure cette présentation, j'aimerais revenir sur deux points qui m'ont frappée, même s'ils sont communs ou dispensables, dans des recueils consacrés au fantasme sexuel.
Dans beaucoup d'histoires où la femme s'offre sans complexe, on retrouve les termes de pute ou de salope. Ce qui m'a dérangée, c'est l'idée véhiculée qu'une femme aux mœurs libres mérite d'être salie, comme si on lui reprochait de faire bander. Une femme qui aime le sexe est forcément une vicieuse. Une vicieuse est forcément une femme méprisable. Surtout lorsqu'on lui oppose un compagnon complaisant au regard amusé plus ou moins bienveillant. Vision condescendante et paternaliste au possible. Le plus dommage étant de lire ces mots sous la plume d'autrices.
Le second élément m'ayant un peu gênée, c'est l'absence de préservatif dans ces jeux du sexe avec des inconnus. Je comprends tout à fait le plaisir transgressif de ces scènes peau contre peau, fluides contre fluides, mais la fille raisonnable en moi en a parfois conçu une petite défiance.

Étant sensibilisée sur ces questions depuis un moment, j'ai probablement une approche trop politiquement correcte pour le côté transgressif de certaines nouvelles. C'est une littérature où les tabous ont droit de cité, de toute façon, ça reste de la fiction destinée à des adultes avertis.

1) Rapprochement de ChocolatCannelle.
J'ai eu du mal  à entrer dans l'histoire (un couple séparé par la distance drague leur guide touristique), les deux premières pages contextualisant un quotidien sans relief. Je n'ai pas aimé le style, en revanche, la suite du scénario m'a plu. Cette promesse d'un acte plus concret invite au fantasme.

2) La méthode Meisner d'Eugénie Daragon
Une histoire de théâtreux bien décidés à attirer une jeune proie dans leurs filets. L'alternance du temps de narration (passé composé, imparfait, passé simple, présent) m'a semblé maladroite. L'histoire est irrévérencieuse, plus cochonne qu'excitante.

3) Zaiana de Valéry K. Baran
Une histoire d'amitié ambiguë qui sert de cadre à une partie fine. L'autrice, que j'ai adorée avec son Initiation de Claire (voir chronique ici), propose une scène érotique en miroir, usant d'une pincée de diversité pour enrichir son panel de personnages. Agréable à lire, elle manie efficacement la montée du désir et une sensualité à fleur de peau, jusqu'à cette conclusion, inévitable.

4) Point de vue de MMK
Habitué(e ?) des recueils Osez, MMK donne la parole au "gars qui veut pas", mais alors vraiment pas ! Et c'est drôle ! La plume est fluide, le ton familier, proche du lecteur (une lectrice en l'occurrence) nous plonge aux côtés de ce couple pour une expérience qui va s'avérer sexy et concluante ! Bien joué !

5) La valise de Jon Blackfox
Le contexte est original, même si le réalisme en pâtit un peu. J'ai immédiatement compris l'intrigue, ce qui m'a un peu sortie du récit. J'ai apprécié l'écriture assurée, moins le manque de relief et de sensualité du texte.

6) L'amour est dans le prêt de Cornelia B Ferrer
Sur les plages naturistes, il s'en passe de belles ! Le point de départ du couple FF (lesbien) est original. J'ai aimé que l'autrice joue avec les pensées et les fantasmes border-line de sa narratrice. Peut-être un peu trop crues, les scènes érotiques n'en restent pas moins efficaces (chaud !).

7) Non pratiquante de Prax
Prax propose un couple dont la femme, lesbienne "non pratiquante", va nourrir ses fantasmes grâce à son homme. Si le couple joue avec le feu, c'est aussi par le biais des pensées de cette femme qui en saisit le danger à mesure que la tension monte entre son homme et l'amante d'un soir. Le texte et la situation sont très excitants.

8) Le compromis de John Faredes
On reprend le scénario classique du cocu qui plutôt que subir, va se faire complice en devenant voyeur. Si la scène est érotique, le côté convenu m'a laissée de côté.

9) Agnès et le chat d'Héloïse Lesage
Les cours de guitare mènent à tout, y compris sauter une bourgeoise pour le bon plaisir de son mari impuissant. Je ne suis définitivement pas fan des récits au passé composé. Mais si le style m'a gênée, le texte reste excitant, malgré une certaine vulgarité.

10) Résurrection d'Iris Dorne
Plutôt que de perdre sa femme, un homme lui offre d'assumer ses besoins de séduction. Outre la sensualité de sa scène-clé, c'est une réussite littéraire. Le style est soutenu, le contexte et les personnages sont approfondis. En quelques pages, l'autrice nous propose une histoire complète. Assez rare pour être souligné.

11) Le jeune homme du bar de Dionys Florès
Avec la complicité de son épouse, un homme va associer un jeune vantard à leurs jeux érotiques. Le texte n'est pas désagréable, mais le scénario convenu et le manque de style en font une lecture un peu plate.

12) Confidences et conséquences de Vincent Rieussec
De la rencontre au mariage, l'histoire d'un amour construit autour du mythe de Candaule. Étrangement, je n'ai pas été touchée par le style pourtant soutenu, et ai déploré un manque d'émotion. Les scènes érotiques ne m'ont pas convaincue, le manque de tension sexuelle a rendu l'ensemble trop léché.

13) Un mâle pour un bien de Clarissa Rivière
Une des autrices pilier de cette collection. On ne présente plus la douce Clarissa. Cette fois, elle nous propose un prêté pour un rendu, une femme adultère obligée d'assister aux ébats de son époux avec une jeunette. La pincée de cruauté apporte le piment, la plume confirmée adoucit la tristesse qui pointe.

14) Un bon arrangement de Gina Monte-Corges
Gagner un contrat au nez et à la barbe d'un collègue peut avoir des conséquences inattendues... Tout ce qui me dérange dans une histoire ; l'auto-description trop flatteuse, le désir sorti de nulle part, le rapport humiliant, la crudité sans l'excitation, le manque de style.

15) Sous les yeux de Jean de Jean Danel
Partie fine entre deux amis d'enfance et l'épouse de l'un d'entre eux. Une écriture assurée au service d'un épisode amené de façon un peu trop abrupte à mon goût, empêchant ainsi la montée progressive du désir. Dommage.

16) La sélection de Juliette Di Cen
Un jeune employé convié à un dîner va découvrir la méthode de recrutement de son entreprise. J'ai retrouvé la plume pleine d'humour de cette autrice, et son goût prononcé pour les histoires et les personnages développés. Peut-être au détriment des scènes érotiques qui en deviennent secondaires, et par conséquent moins excitantes.

17) Avant de Noann
La constante chez Noann, c'est un désespoir latent, et le talent de ne pas sombrer dans le mélodrame malgré tout. Une femme fait venir un partenaire pour assouvir le plaisir que ne peut plus lui donner son compagnon. Un beau texte, qui laisse pourtant une sensation douce-amère.

18) Comédie de João Miguel Baile Dos Passarinhos
Un jeune acteur devient le jouet d'un metteur en scène et de sa bimbo. S'il y a bien une chose que je déteste, c'est lire un texte avec un dico à portée de main. Insérer un vocabulaire trop savant (compliqué) pour enrichir un texte finit par l'asphyxier. Surtout dans une nouvelle prévue initialement pour un plaisir bien plus trivial. L'érotisme n'empêche pas la littérature. Mais la pédanterie tue l'érotisme.

19) Piratage diabolique de Julie-Anne de Sée
Une écrivaine voit son ordinateur piraté par un étrange soupirant. Si j'ai été intriguée par le première partie, la seconde m'a laissée de marbre, et c'est dommage, car le texte a d'indéniables qualités. Mais à l'image de la nouvelle précédente, trop de complexité me semble mal appropriée dans ce type de recueil.

20) Les larmes de Candaule de Perle Vallens
Parfaitement écrit, mais bien trop introspectif pour que la scène érotique soit excitante. Cette histoire d'amante aux accès de jalousie dignes d'une épouse trompée boucle ce Osez sur une note mitigée.

Verdict : Assez répétitif, et pas de coup de coeur pour un texte en particulier

LA MUSARDINE
256 pages

mercredi 11 avril 2018

LA CONFRÉRIE DE LA DAGUE NOIRE 12 : L'AMANT SOUVERAIN de J.R. Ward


4ème de couverture :
"Longue vie au roi...
Après avoir délaissé le trône pendant des siècles, Kolher, fils de Kolher, a enfin accepté la charge de son père. Mais la couronne pèse lourd sur son front. Et tandis que la guerre fait rage et que ses ennemis se rapprochent, il va devoir se montrer impitoyable. Car Beth, sa chère compagne, désire un enfant. Une volonté qui va tous les mettre en danger et réveiller les fantômes du passé. L'amour véritable peut-il encore l'emporter ?"

Alors, doc, verdict ?
Grande différence avec les volets précédents. Lorsqu'un couple n'avait pas encore eu son histoire, l'autrice nous faisait mariner en jouant sur des rencontres brûlantes, sans pour autant entrer dans le vif du sujet. Et bien dans ce tome-ci, ce n'est pas une, mais trois romances qui passent à la casserole ! Le couple vedette (Beth et Kolher, le retour) se livre hélas à une partition très mécanique, peut-être en raison d'un sujet principal (la fécondation), plus émotionnel que sexy. Des retrouvailles très décevantes, donc, en particulier pour un couple qui a ouvert la voie d'une bit-lit épicée. Heureusement, les deux autres rattrapent ce manque de sensualité, avec des scènes assez excitantes, même si elles tombent parfois dans l'excès et la vulgarité.

Trez et iAm gagnent en consistance, ce qui les rend un peu plus intéressants, à défaut d'être sympathiques. Autant les frères de la Confrérie ont toujours su tenir des rôles secondaires savoureux, autant les Ombres ont du mal à provoquer une quelconque empathie. Le comble, c'est que le personnage de leur bourreau au nom prédestiné s'Ex, se montre largement plus mystérieux et inquiétant. On verra comment J.R. Ward le (mal)traite.

On en arrive à ce qui va me faire abandonner la série après le numéro 15 consacré à Xcor ; ça tourne en rond. En revenant sur des couples déjà établis, j'ai toujours la crainte qu'elle détricote ce que j'ai aimé.
Alors que va-t-il se passer maintenant ? Après le prochain consacré à Trez et Selena, on va avoir droit à une rediffusion du couple Mary/Rhage. Ne manque plus qu'une autre tournée de V et Jane, et je me pends. Mais... pourquoi me tends-tu une corde, bande de moules ?
Allez. Je m'offre ce magnifique spoiler, suite au dernier roman sorti à ce jour, et qui fera hurler toutes les fans d'un potentiel "Vutch" (Visz + Butch) : ce couple n'existera jamais. JAMAIS !
Mouhahaha.
Jane ne sera pas exorcisée, et Marissa ne passera pas l'arme à gauche pour dégager le terrain.
lol.

Ce qui m'a particulièrement saoulée dans celui-ci en plus des sauts qui nous font passer d'une scène à l'autre sans avoir suffisamment développé la première ; je n'ai pas retrouvé la sexytude de Kolher. Émasculé par sa fonction et l'obsession de sa shellane, il m'a paru fade et démuni. Bon point malgré tout, on a un bel aperçu de l'histoire de ses parents, notamment leur rencontre (qui joue sur l'ambiguïté des prénoms). Les scènes insérées en filigrane auraient nécessité plus de matière (notamment des interactions entre Kolher et ses parents), mais ça aura permis d'établir un parallèle entre les deux grossesses.
Dommage qu'elle ait limité Beth à un rôle de desperate housewife obsédée par la maternité. Bon, c'est sûr que La Confrérie de la Dague noire n'est pas un manifeste pour le féminisme ou l'émancipation des femmes. Ce serait même son antithèse. Mais quand-même !

Bref.
Alors que J.R. Ward a su mêler une nouvelle génération de combattants avec les "grands anciens" dans des spin-off moins longs, ce principe fonctionne moins bien dans sa série-mère. En particulier parce qu'elle remet des "vieux" couples au premier plan au lieu de les laisser en seconde ligne. De plus, en jouant la sécurité, elle nous endort. Il n'y a pas de surprise, on grince juste des dents à l'idée qu'elle foute en l'air une romance "historique".
Par ailleurs, cette technique de délayage est assez grossière. On a bien compris l'aspect commercial dans le fait de produire des tomes mineurs avant de livrer les plus attendus (ceux de Xcor ou Ahssaut). C'est aussi pour cela que l'autrice intègre de nombreuses intrigues annexes à son fil principal, histoire de rendre la lecture de chaque tome indispensable.

Sauf que ce n'est pas une science exacte. Si j'ai déjà acheté les deux suivants, j'ai décidé de m'arrêter au quinzième, afin de finir en beauté.

Verdict : agréable mais sans surprise

MILADY
648 pages

lundi 2 avril 2018

AMERICAN GODS SAISON 1


Synopsis :
"En sortant de prison, Ombre apprend la mort de sa femme et de son meilleur ami dans un accident de voiture. À bord de l'avion qui le ramène chez lui, il se fait embaucher comme garde du corps par un étrange personnage dénommé Voyageur qui l'entraîne dans un long périple à travers les États-Unis. Ombre découvre bientôt que Voyageur n'est autre que l'ancien dieu nordique Odin qui tente de rallier à sa cause les autres anciens dieux et quelques personnages folkloriques afin de mener une guerre sans merci aux divinités plus récentes de l'Amérique que sont la voiture, internet, la télévision et les médias."

Interprètes :
Ian McShane, Ricky Whittle, Emily Browning, Gillian Anderson, etc.

la galerie des trognes (pour agrandir, un clic dessus)
Alors doc, verdict ?
Pour une fois, ce sera une chronique courte, je vous épargnerai mes points WTF, mes interrogations, mes espoirs et mes déceptions.
Naaaan, je vais le donner cet avis, même si je meuble actuellement pour faire de la ligne et me remettre de ce que je viens de regarder.

Alors c'est tiré du roman éponyme American Gods de Neil Gaiman (roman qui attendait sur mon étagère, et va rejoindre le carton des trucs à donner, comme l'Étrange vie de Nobody Owens que je n'ai jamais pu finir), ça se veut (en vrac), révolutionnaire, iconoclaste, arty, philosophique, novateur.

Usant d'un rythme très lent pour installer le récit, l'éclairage et la sélection des premières scènes parviennent à créer une ambiance glauque à souhait, entre désespoir dégoulinant, image poisseuse et épisodes scabreux. On sentirait presque le besoin de choquer le petit bourgeois, et plus cyniquement, de lui faire croire qu'en adhérant au concept, il fait preuve d'un anticonformisme ébouriffant.

Critique du monde moderne, de la course à la technologie, au consumérisme, à l’idolâtrie, au nombrilisme, racontée sous la forme d'un road movie, l'histoire s'accroche aux pas d'Ombre et du Voyageur (en réalité Odin) sur les routes poussiéreuses d'une Amérique peuplée de rednecks.
Entre bad trip ultra cru, scènes nauséeuses inspirées d'une "épouvante" made in Russia, giclées d'hémoglobine (sûrement avec les bidons volés sur le tournage de GoT !) et dialogues surréalistes saupoudrés d'humour noir, on a plus l'impression d'assister à une expérience hallucinatoire qu'à une série TV conventionnelle. L'objectif est atteint.

À titre perso, j'avoue, je me suis fait chier. Mais vraiment hein ? Pas gentiment, non. Ce n'est pas dans l'esprit de cette série. Même s'il est facile d'en appréhender le concept de base, la série emprunte des chemins nébuleux pour noyer le poisson, et peut-être masquer un fil simplissime.
Le paradoxe, c'est qu'à chaque fin d'épisode, et malgré le sentiment mitigé, on a envie de poursuivre l'expérience. Je ne doute pas que de nombreux téléspectateurs y trouvent leur compte, mieux habitués aux ruptures de ton et à la surenchère graphique que je ne le suis.

Dommage, car l'interprétation est de premier ordre, la réalisation proche d'un film de cinéma, le propos non dénué d'intérêt, et certaines trouvailles visuelles juste à tomber en pâmoison.

Verdict : Pas pour moi

STUDIOCANAL
8 épisodes

dimanche 1 avril 2018

LA CONFRÉRIE DE LA DAGUE NOIRE 11 : L'AMANT DÉSIRÉ de J.R. Ward


4ème de couverture :
"Désavoué par sa lignée, Vhif devient l’un des guerriers les plus violents de la Confrérie. Même s’il est en couple et a des projets pour l’avenir, sa vie lui semble vide, car il ne peut vivre avec celui qu’il aime... Blay, après avoir longtemps nourri des sentiments non partagés pour Vhif, a enfin réussi à tourner la page. Bien que le sort semble s’être ligué contre eux, ils se retrouvent tous deux à combattre les nouveaux ennemis de la Confrérie. Vhif apprendra alors le véritable sens du mot « courage » et découvrira que rien ne peut séparer deux êtres destinés l’un à l’autre..."

Alors, doc, verdict ?
Il fallait bien que ça arrive, même si ce n’est pas la première fois avec JR Ward. Si j’ai bien aimé sa déclinaison plus YA de sa série vedette, l’Héritage de la Dague Noire, sa seconde série dérivée Anges déchus, pourtant dans le même univers, était si peu convaincante qu’après deux tomes, j’avais jeté l’éponge. Et bien avec celui-ci, je suis désormais à deux doigts d’abandonner la Confrérie.
Si l’idée du couple de Qhuinn/Vhif (Vifh ? Vihf ? Hvif ?) et Blay était prometteuse, au fil du temps, le personnage de Vhif a amorcé un virage moins sympathique. Ici, l’homme est en pleine remise en question, ce qui le rend de nouveau attachant. Blay, quant à lui, est plus en retrait. Amoureux mais lucide, il nourrit une grande méfiance envers les revirements de son meilleur ami, bien que celui-ci se montre ouvertement demandeur. Le rapport de force s’est donc inversé et confirme la place de roc dans le couple.
Mais alors, pourquoi n’ai-je pas aimé ce tome-ci ?
La mise en place du couple est plutôt longue, et la vulgarité de leurs ébats m’a semblé disproportionnée (à ce rythme, ils vont noyer le château sous le sperme, et péter tout le mobilier). De plus, ces deux hommes se dissimulent des trucs totalement stupides. Ce procédé sert visiblement à diluer la romance principale au milieu d’une multitude de sous-intrigues.
Et justement, le roman est constitué d’une succession de scènes très (trop) courtes, qui s’arrêtent en plein cœur de l’action. Ce choix narratif casse le rythme au lieu de le rendre haletant. Du coup, j’ai passé mon temps à survoler les chapitres, m’arrêtant seulement sur les scènes qui m’intéressaient. Paradoxalement, ma lecture n’en a pas été plus rapide, mais plus laborieuse, même si le fil de ces histoires suit une chronologie cohérente. En tout cas, les épisodes « éradicateurs » s’avèrent franchement sans intérêt.
Certains personnages secondaires appelés à prendre une importance de premier plan manquent d’originalité et d’aspérité, comme des caricatures de mâles alpha, sans piment ni sex-appeal. Trez et son crush facile pour une élue, c’est du déjà vu, quant à son frère, iAm, il n’a aucune substance. Hélas, il faudra en passer par eux pour bénéficier de scènes-clé sur les autres personnages (Xcor et Ahssaut).
Cette fois, la misogynie ambiante m’a estomaquée. Prise de conscience tardive, me répliquera-t-on. Certes. Peut-être qu’en frottant un couple gay, et de sauvages guerriers (les salopards) à la séduction vulgaire et sournoise (si on suit la direction prise par l'autrice) de femmes en manque, ce défaut s’est révélé de façon encore plus flagrante. Ou peut-être qu’aujourd’hui, j’y suis plus sensible. Chez Ward, les humaines sont en grande majorité assimilées à des « putes » (dans le texte), et les vampires à des « femelles » sacrées (parce que vierges, ou de sang pur, voire royal). Ça se vérifie par la façon qu’ont les « mâles » de gérer (régenter) la vie de leur entourage féminin. Entre ceux qui veulent les enfermer pour « leur bien », ceux qui grognent dès qu’un gars éternue de l’autre côté de la planète (quant à la notion même de consentement, elle est exterminée lorsque le mâle décide de passer en mode séduction), c’est un festival de machisme lourdingue.
Qu’ai-je apprécié malgré tout dans ce tome ?
En restant totalement honnête, le sentiment global qui prévaut reste la déception. Elle affadit toutes les qualités du roman. Et pourtant, il y en a.
L’introduction surprise d’un nouveau personnage surgi du passé de Vhif et particulièrement mal en point m’a soufflée. J’espère en apprendre plus par la suite.
Tout alpha stéréotypé qu’il soit, le récemment venu Ahssaut (Assaulth ? Assauht ?), développe des pistes intéressantes. Le voir dégoter une mate un peu originale, et l’attacher à lui lors d’une scène très provocante, relance l’intérêt. J’avoue être intriguée par la façon dont l’autrice va gérer son évolution. Va-t-on encore transformer un salaud en agneau ?
Et bien évidemment, on suit Xcor, le plus sauvage et étrangement, le moins manichéen de tous les mâles, dans sa quête pour renverser le Roi Kolher. Bien-sûr, je déplore un peu qu’il ait fondu pour l’éternelle blonde éthérée (Miss-chiantissime-Perfection sacrée), mais ce schéma amoureux prend sens autour de l’antinomie des deux personnages. On a là tous les ingrédients d’un drame à la Roméo et Juliette. Le volume qui leur est consacré, est déjà sorti en VF (mais à 25€ le grand format, c’est no way). J’attends la version poche avec impatience.
Pourquoi continuer à lire la Confrérie ?
Parce que j’ai bon espoir que J.R. Ward retrouve la flamme des débuts, ou qu’elle ne tarde pas trop avant de livrer un ultime épisode, pour clôturer sa série en beauté (et avant le volume de trop).
PS, la réflexion con du jour : où est la logique du H dans les prénoms ? Ça va me faire mon week-end, tiens !

Verdict : Grosse déception

MILADY
771 pages