4ème de couverture :
"Le candaulisme, c'est le fantasme de voir son ou sa partenaire faire
l'amour avec une autre personne, en participant ou non. En constatant
qu'il était de plus en plus répandu dans la population, nous avons
logiquement décidé de lui consacrer un recueil. Et le moins qu'on puisse
dire est qu'il a inspiré nos auteurs ! Ils vous raconteront, dans 20
histoires aussi diverses qu'excitantes, ce qu'il se passe dans la tête
des candaulistes et de leurs partenaires. Qu'est-ce que ça fait, de voir
sa femme prise par un autre homme ? Qu'est-ce que ça provoque, de voir
son homme faire jouir une autre femme ? Jalousie ? Désir ? Un mélange
des deux ? À mi-chemin entre amour passion et libertinage débridé, ces
20 histoires vous diront tout du candaulisme... au risque de vous donner
envie de vous y mettre à votre tour ?"
Alors, doc, verdict ?
20 histoires, 20 auteurs, 20 sensibilités pour raconter le candaulisme.
C'était la promesse. Le candaulisme a ceci de particulier qu'il permet une variété
de schémas assez limitée. Dès lors, l'originalité réside dans la plume
de chaque auteur. À l'arrivée, peu d'entre eux ont su jouer avec le thème pour le transcender
Alors qu'avec les autres Osez, je m'étais attardée sur mes nouvelles préférées, cette fois, j'ai balayé l'ensemble des textes. Je les ai d'abord notés, afin de les classer par ordre de préférence. Mais les notes, c'est bon pour l'École des fans, on est d'accord.
Par ailleurs, je savoure les textes petit à petit, en une ou deux semaines, afin de garder une certaine fraîcheur d'analyse, et éviter ainsi la lassitude d'un marathon sexuel de papier.
Par ailleurs, je savoure les textes petit à petit, en une ou deux semaines, afin de garder une certaine fraîcheur d'analyse, et éviter ainsi la lassitude d'un marathon sexuel de papier.
Il est entendu qu'il s'agit d'une chronique basée essentiellement sur l'aspect émotionnel. On lit rarement les Osez 20 histoires pour se titiller le cortex... toutefois, cela n'enlève pas l'intérêt d'une seconde grille de lecture, plus stricte, qui permet de mettre en avant des plumes aux qualités indéniables.
Avant de conclure cette présentation, j'aimerais revenir sur deux points qui m'ont frappée, même s'ils sont communs ou dispensables, dans des recueils consacrés au fantasme sexuel.
Dans beaucoup d'histoires où la femme s'offre sans complexe, on retrouve les termes de pute ou de salope. Ce qui m'a dérangée, c'est l'idée véhiculée qu'une femme aux mœurs libres mérite d'être salie, comme si on lui reprochait de faire bander. Une femme qui aime le sexe est forcément une vicieuse. Une vicieuse est forcément une femme méprisable. Surtout lorsqu'on lui oppose un compagnon complaisant au regard amusé plus ou moins bienveillant. Vision condescendante et paternaliste au possible. Le plus dommage étant de lire ces mots sous la plume d'autrices.
Le second élément m'ayant un peu gênée, c'est l'absence de préservatif dans ces jeux du sexe avec des inconnus. Je comprends tout à fait le plaisir transgressif de ces scènes peau contre peau, fluides contre fluides, mais la fille raisonnable en moi en a parfois conçu une petite défiance.
Étant sensibilisée sur ces questions depuis un moment, j'ai probablement une approche trop politiquement correcte pour le côté transgressif de certaines nouvelles. C'est une littérature où les tabous ont droit de cité, de toute façon, ça reste de la fiction destinée à des adultes avertis.
1) Rapprochement de ChocolatCannelle.
J'ai eu du mal à entrer dans l'histoire (un couple séparé par la distance drague leur guide touristique), les deux premières pages contextualisant un quotidien sans relief. Je n'ai pas aimé le style, en revanche, la suite du scénario m'a plu. Cette promesse d'un acte plus concret invite au fantasme.
2) La méthode Meisner d'Eugénie Daragon
Une histoire de théâtreux bien décidés à attirer une jeune proie dans leurs filets. L'alternance du temps de narration (passé composé, imparfait, passé simple, présent) m'a semblé maladroite. L'histoire est irrévérencieuse, plus cochonne qu'excitante.
3) Zaiana de Valéry K. Baran
Une histoire d'amitié ambiguë qui sert de cadre à une partie fine. L'autrice, que j'ai adorée avec son Initiation de Claire (voir chronique ici), propose une scène érotique en miroir, usant d'une pincée de diversité pour enrichir son panel de personnages. Agréable à lire, elle manie efficacement la montée du désir et une sensualité à fleur de peau, jusqu'à cette conclusion, inévitable.
4) Point de vue de MMK
Habitué(e ?) des recueils Osez, MMK donne la parole au "gars qui veut pas", mais alors vraiment pas ! Et c'est drôle ! La plume est fluide, le ton familier, proche du lecteur (une lectrice en l'occurrence) nous plonge aux côtés de ce couple pour une expérience qui va s'avérer sexy et concluante ! Bien joué !
5) La valise de Jon Blackfox
Le contexte est original, même si le réalisme en pâtit un peu. J'ai immédiatement compris l'intrigue, ce qui m'a un peu sortie du récit. J'ai apprécié l'écriture assurée, moins le manque de relief et de sensualité du texte.
6) L'amour est dans le prêt de Cornelia B Ferrer
Sur les plages naturistes, il s'en passe de belles ! Le point de départ du couple FF (lesbien) est original. J'ai aimé que l'autrice joue avec les pensées et les fantasmes border-line de sa narratrice. Peut-être un peu trop crues, les scènes érotiques n'en restent pas moins efficaces (chaud !).
7) Non pratiquante de Prax
Prax propose un couple dont la femme, lesbienne "non pratiquante", va nourrir ses fantasmes grâce à son homme. Si le couple joue avec le feu, c'est aussi par le biais des pensées de cette femme qui en saisit le danger à mesure que la tension monte entre son homme et l'amante d'un soir. Le texte et la situation sont très excitants.
8) Le compromis de John Faredes
On reprend le scénario classique du cocu qui plutôt que subir, va se faire complice en devenant voyeur. Si la scène est érotique, le côté convenu m'a laissée de côté.
9) Agnès et le chat d'Héloïse Lesage
Les cours de guitare mènent à tout, y compris sauter une bourgeoise pour le bon plaisir de son mari impuissant. Je ne suis définitivement pas fan des récits au passé composé. Mais si le style m'a gênée, le texte reste excitant, malgré une certaine vulgarité.
10) Résurrection d'Iris Dorne
Plutôt que de perdre sa femme, un homme lui offre d'assumer ses besoins de séduction. Outre la sensualité de sa scène-clé, c'est une réussite littéraire. Le style est soutenu, le contexte et les personnages sont approfondis. En quelques pages, l'autrice nous propose une histoire complète. Assez rare pour être souligné.
11) Le jeune homme du bar de Dionys Florès
Avec la complicité de son épouse, un homme va associer un jeune vantard à leurs jeux érotiques. Le texte n'est pas désagréable, mais le scénario convenu et le manque de style en font une lecture un peu plate.
12) Confidences et conséquences de Vincent Rieussec
De la rencontre au mariage, l'histoire d'un amour construit autour du mythe de Candaule. Étrangement, je n'ai pas été touchée par le style pourtant soutenu, et ai déploré un manque d'émotion. Les scènes érotiques ne m'ont pas convaincue, le manque de tension sexuelle a rendu l'ensemble trop léché.
13) Un mâle pour un bien de Clarissa Rivière
Une des autrices pilier de cette collection. On ne présente plus la douce Clarissa. Cette fois, elle nous propose un prêté pour un rendu, une femme adultère obligée d'assister aux ébats de son époux avec une jeunette. La pincée de cruauté apporte le piment, la plume confirmée adoucit la tristesse qui pointe.
14) Un bon arrangement de Gina Monte-Corges
Gagner un contrat au nez et à la barbe d'un collègue peut avoir des conséquences inattendues... Tout ce qui me dérange dans une histoire ; l'auto-description trop flatteuse, le désir sorti de nulle part, le rapport humiliant, la crudité sans l'excitation, le manque de style.
15) Sous les yeux de Jean de Jean Danel
Partie fine entre deux amis d'enfance et l'épouse de l'un d'entre eux. Une écriture assurée au service d'un épisode amené de façon un peu trop abrupte à mon goût, empêchant ainsi la montée progressive du désir. Dommage.
16) La sélection de Juliette Di Cen
Un jeune employé convié à un dîner va découvrir la méthode de recrutement de son entreprise. J'ai retrouvé la plume pleine d'humour de cette autrice, et son goût prononcé pour les histoires et les personnages développés. Peut-être au détriment des scènes érotiques qui en deviennent secondaires, et par conséquent moins excitantes.
17) Avant de Noann
La constante chez Noann, c'est un désespoir latent, et le talent de ne pas sombrer dans le mélodrame malgré tout. Une femme fait venir un partenaire pour assouvir le plaisir que ne peut plus lui donner son compagnon. Un beau texte, qui laisse pourtant une sensation douce-amère.
18) Comédie de João Miguel Baile Dos Passarinhos
Un jeune acteur devient le jouet d'un metteur en scène et de sa bimbo. S'il y a bien une chose que je déteste, c'est lire un texte avec un dico à portée de main. Insérer un vocabulaire trop savant (compliqué) pour enrichir un texte finit par l'asphyxier. Surtout dans une nouvelle prévue initialement pour un plaisir bien plus trivial. L'érotisme n'empêche pas la littérature. Mais la pédanterie tue l'érotisme.
19) Piratage diabolique de Julie-Anne de Sée
Une écrivaine voit son ordinateur piraté par un étrange soupirant. Si j'ai été intriguée par le première partie, la seconde m'a laissée de marbre, et c'est dommage, car le texte a d'indéniables qualités. Mais à l'image de la nouvelle précédente, trop de complexité me semble mal appropriée dans ce type de recueil.
20) Les larmes de Candaule de Perle Vallens
Parfaitement écrit, mais bien trop introspectif pour que la scène érotique soit excitante. Cette histoire d'amante aux accès de jalousie dignes d'une épouse trompée boucle ce Osez sur une note mitigée.
Verdict : Assez répétitif, et pas de coup de coeur pour un texte en particulier
LA MUSARDINE
256 pages