dimanche 29 octobre 2017

COMME UN GARÇON VOL 2 : ÉPREUVES de Jenny


4ème de couverture :
"Gabriel, le colocataire de Charlie, est maintenant au courant de la supercherie et tente d'en tirer parti. Car Charlie, l'avatar masculin de Charlotte, est loin de laisser indifférente la soeur d'Amaury, le bad boy du campus. Il est temps pour Gabriel de dévoiler la deuxième étape de son plan. Est-ce que tout cela aurait un lien avec la mystérieuse photo retrouvée dans sa corbeille par Charlotte ?"

Alors, doc, verdict ?
Dans la continuité du premier tome, j'ai retrouvé la recette qui m'avait enthousiasmée ; émotion, humour, pointe de sensualité, et intrigue bien menée.
Ce mélange des genres (manga et chroniques young adult) est absolument délicieux.

Point anecdotique ; ce thème de l'étudiante qui se travestit et séduit involontairement un camarade me rappelle la mini série Young Americans. Celle-ci réunissait de futures stars du petit et grand écran : Ian Somerhalder, Katherine Moening, Kate Bosworth ou encore Michelle Monaghan.

Dans cette suite, on découvre un Gabriel plus manipulateur, une Charlie toujours emportée mais paradoxalement plus généreuse, et une Héloïse... égale à elle-même. Je me demande aussi ce qui est réservé à Amaury, le personnage le plus manichéen à ce jour. Un peu plus de nuances le concernant ne serait pas pour me déplaire.

Le visuel est accrocheur, l'histoire maligne et les personnages passionnants. En quelques traits épurés, Jenny nous immerge dans cet univers estudiantin, où les liens se nouent et s'emmêlent au gré des révélations.
A ce propos, la dernière scène est juste waouh ! bouillante !
Mais hélas, elle nous laisse aussi haletants que frustrés.

Le problème avec de tels cliffhangers, c'est qu'on meurt d'impatience de lire la suite.
Pauvre (et hyper talentueuse) illustratrice qui va subir une pression infernale avant de nous livrer un nouvel opus

Verdict : coup de coeur confirmé ! 💖

DELCOURT
48 pages
 

COMME UN GARÇON VOL 1 : LE DÉFI de Jenny


4ème de couverture :
"Charlotte est la demi-soeur de Xavier. Leur jeu favori consiste à se défier sans cesse. Et Charlotte perd toujours. À l'adolescence, la tradition perdure jusqu'au jour où, en guise de gage, elle accepte de passer une année déguisée en garçon dans un collège exclusivement masculin tout en pariant qu'elle ne se fera pas prendre. Adieu vie de princesse et bains moussants, une vie compliquée démarre pour elle."

Alors, doc, verdict ?
Alors pour avoir une idée des illustrations et du ton de cette BD, j'ai feuilleté les premières pages, comme le permet la version kindle sur Amazon.
En quelques planches, cet aperçu m'a enthousiasmée. Une fois à domicile, ce premier tome s'est laissé dévorer sans rechigner. Et sa lecture m'a entièrement convaincue.

Très sensible aux illustrations, j'ai adoré le style, le graphisme et le choix des couleurs, qui accentuent le côté shojo (manga romantique destiné au public féminin).
Le trait pur, simple et ludique de Jenny, mêle vignettes humoristiques type manga et dessins plus travaillés à l'européenne.
Et comme les dessins, le scénario marie avec bonheur chronique étudiante et comédie.

Petite info : quelques scènes gentiment sexy (sans vulgarité) rendent le récit un peu plus adulte et réaliste. Cette production peut donc convenir à des ado lycéens (un peu moins à des pré-ado), comme à leurs parents.

Les personnages principaux sont excellents, inspirant la sympathie immédiate et une empathie renforcée par le contexte dans lequel on les voit évoluer. L'illustratrice qui est aussi la scénariste (double talent) leur a construit un passé, des émotions et une personnalité qui sonnent vrai.

Totalement conquise, je ne regrette pas d'avoir commandé en même temps les deux volets déjà sortis, car c'est le genre de BD à suivre qui invite à enchaîner les tomes avec gourmandise.

Verdict : gros coup de cœur surprise 💖

DELCOURT
48 pages

vendredi 27 octobre 2017

LE MYSTERE DES CARLYLE de Shannon Drake


4ème de couverture :
"Angleterre, 1892.
A l’idée d’affronter le comte de Carlyle, dont la réputation suffit à la faire frissonner, Camille est terrifiée. Hélas, elle n’a pas le choix : son tuteur, l’homme qui l’a recueillie alors qu’elle n’était encore qu’une enfant, et qu’elle aime par-dessus tout, a été injustement emprisonné au manoir des Carlyle. Alors peu importent les rumeurs qui prétendent que le comte est l’héritier d’une redoutable malédiction qui touche quiconque essaie de l’approcher : Camille est déterminée à rencontrer cet homme et à obtenir la libération de son protecteur. Mais sa détermination vacille dès son arrivée au manoir. Car derrière le masque terrifiant que le comte porte en public, elle découvre un regard profondément troublant, celui d’un homme blessé qui détient la clé d’un terrible secret…"

Alors, doc, verdict ?
Ce roman m’a étonnée. La couverture n'est guère évocatrice, or son contenu vaut largement le détour. Je m’attendais à une romance historique très formatée, or c’était un a priori arbitraire, car Le Mystère des Carlyle s’est révélé bien plus riche que prévu.
L’histoire utilise un canevas plutôt original, puisqu’il y est question d’une quête pour retrouver le(s) meurtrier(s) des parents d’un séduisant aristocrate se dissimulant derrière un masque. Il est aidé dans cette entreprise par une roturière érudite, travaillant pour le département de l’Égypte ancienne au Musée de Londres.
Plus que les personnages de Brian et Camille, d’un caractère trop classique pour être inoubliables, c’est le contexte de leurs aventures et le timing des scènes romantiques qui m’ont conquise. Les scènes sensuelles usent de termes très chastes mais elles ont le mérite d’exister et d’approfondir l’aspect charnel de leur passion.
Le langage employé et la tournure des phrases s’adaptent parfaitement à l’atmosphère de cette fin XIXème. C’est élégant même si certaines répétitions auraient pu être évitées tant elles sont omniprésentes (l’incise repartit-il/elle, le « au vrai » remplaçant éventuellement « en vérité » ou « en fait »).
Si j’ai eu du mal à accrocher au début, dès l’accident du tuteur de Camille, le récit devient bien plus palpitant. Je suppose que le problème vient du prologue qui nous plonge directement au cœur de l’action, avant de revenir sur les événements qui ont précédé cet épisode haletant. Or le premier chapitre est assez lénifiant. Heureusement, cela ne dure pas.
Dès l’entrée en scène du ténébreux comte de Carlyle, l’histoire négocie un virage plus aventureux, où percent mystère, romance et gros travail de documentation. J’ai d’autant plus apprécié les références historiques, qu’elles m’ont appris de nombreuses choses, que ce soit sur l’époque victorienne ou les découvertes archéologiques en Égypte. Étrangement, ce n’est pas toujours le cas des romances historiques, certaines se contentant d’utiliser le « cadre » sans s’encombrer de crédibilité (vocabulaire, contexte, connaissances).
Les personnages sont bien écrits, nombreux, et même si le suspense, les rebondissements ou le rythme ne sont pas étourdissants, l’ensemble reste très cohérent et se suit avec intérêt et plaisir.
Un roman qui sort de l’ordinaire, et qui sans révolutionner un genre tout entier, divertit efficacement. 

Verdict : bonne surprise 

HARLEQUIN
514 pages

dimanche 22 octobre 2017

ZOMBILLÉNIUM volumes 1, 2 et 3 de Arthur de Pins

4ème de couverture :
Volume 1 : "Francis von Bloodt, vampire de son état, gère en bon père de famille le parc d'attractions Zombillénium. On n'embauche pas n'importe qui, chez Zombillénium : les simples mortels n'ont qu'à passer leur chemin, ici on ne travaille qu'avec d'authentiques loups-garous, vampires et momies. C'est ce que va découvrir Aurélien, un homme au bout du rouleau, trompé par sa femme ; et qui va se retrouver embauché malgré lui dans cette étrange entreprise. Gretchen, sorcière stagiaire, va l'aider à faire ses premiers pas..."
Volume 2 : "Tags sur les murs, avertissement du curé du coin : visiblement les esprits s'échauffent autour de Zombillénium. Quand on n'embauche que des morts ou des sorcières ! dans une région où le taux de chômage est à 25 %, il faut bien s attendre à quelques frictions. Si l'on ajoute à ça des visiteurs une miette pénibles et des employés qui, pour être morts, n en aimeraient pas moins prendre des vacances, on comprend que ce n'est pas trop le moment de venir parler revendications salariales à Francis Von Bloodt.
Un deuxième tome qui vient étoffer le casting de Zombillénium avec Astaroth, le démon adolescent, et qui confirme, s'il en était besoin, le talent tout particulier d'Arthur de Pins à manier un humour noir totalement jubilatoire."
Volume 3 : "C'est l'effervescence au parc Zombillénium. Envoyé par Behemoth lui-même, le vampire Bohémond Jaggar de Rochambeau est officiellement censé seconder Francis dans sa gestion du parc. Inquiets, les employés s'attendent au pire : ne le décrit-on pas comme un authentique tueur ? D'autant qu'à y regarder de plus près, les motivations de sa venue semblent bien moins anodines qu'annoncées. Sa mission, c'est de faire du chiffre, pour les actionnaires, certes, mais surtout pour Behemoth qui, lui, attend son comptant d'âmes. Francis, ulcéré, est obligé de courber l'échine devant ce consultant tout-puissant, bien décidé à prendre le pouvoir et à pervertir les règles de Zombillénium. Tandis que se préparent pour le parc de sombres moments, Aurélien traverse une mauvaise passe. Déprimé par sa condition d'immortel et par l'absurdité de sa vie... pardon sa mort, il fait un burn out. Et un burn out, chez un démon aussi puissant, cela peut être dévastateur. Retenu in extremis par Gretchen, il évite le pire. Et cela tombe bien, car Gretchen a un projet pour lui... Un nouvel épisode de Zombillénium particulièrement mordant, dans lequel on découvre les dessous du parc d'attractions le plus monstrueux du monde"

Alors, doc, verdict ?
Je profite de la sortie du film Zombillénium pour revenir sur l'excellente BD dont il est tiré.

Le volume 1 pose les bases. Nous sommes dans le Nord de la France, le parc Zombillénium ronronne gentiment, sans succès foudroyant. L'arrivée d'Aurélien Zahner va lui fouetter les sangs...
Le volume 2 introduit de nouveaux personnages et affine le fonctionnement du parc.
Le volume 3 se concentre sur les bouleversements d'une restructuration du parc et de ses employés.

Doté d'un humour noir, de bonnes références de geek, d'un graphisme singulier et d'une finesse d'analyse indéniable, Zombillénium est une des meilleures BD du genre. Entre épouvante (sans tripailles) et ironie mordante, l'auteur ne peut cacher son énorme tendresse pour ces "monstres" malgré eux.

J'ai tout de suite accroché avec le visuel très épuré des illustrations. c'est hyper léché grâce à l'outil informatique, et le trait d'Arthur de Pins, plus réaliste que dans sa série craquante Péchés mignons se prête parfaitement au ton acide du scénario.
En clin d’œil, les détails de l'environnement ancrant cette BD dans la grisaille du Nord industriel un peu sinistré sont super bien rendus. Situer un pur récit de genre sur notre terroir est jubilatoire, car en plus d'en utiliser le cadre géographique, il a su restituer notre rapport au monde du travail si français.
Dur, dur, la condition de "monstre" dans un milieu professionnel sans pitié. Allégorie à peine masquée de notre société capitaliste, où l'ouvrier est malmené pour que les actionnaires continuent à s'enrichir, cette bande dessinée s'adresse à un public adulte.
Elle n'en oublie pas le côté fun, proposant des vignettes de gags qui s'inscrivent dans une histoire plus globale très bien menée.

Sa galerie de personnages est tout autant réussie. Le patron bienveillant, usé par les responsabilités, l'homme en pleine détresse qui subit son existence, le DRH un peu dépassé, les zombies syndicalistes, la momie en quête d'une gloire passée, la sorcière 2.0 au grand coeur et gros caractère, et les nouveaux convertis qui viennent enrichir le bestiaire de cette foire aux monstres émouvants.

Dans le volume 2, l'éditeur a glissé des"goodies" sous forme d'un faux La voix du Nord, gazette superbement réalisée, utilisant les évènements de cet épisode explosif comme fonds d'articles, et d'un ex-libris qui finira sûrement sous cadre dans mon bureau.

Le tome 3 est plus cynique, mais tout aussi jouissif. Il se termine d'ailleurs par une saleté de cliffhanger qui m'a fait pousser un braillement de frustration à minuit passé. Pas cool, Monsieur de Pins, pas cool du tout.

Cette série prévue en 6 épisodes a donc connu un sérieux coup de frein pendant la réalisation du film éponyme. En remettant la BD sur le devant de la scène, les fans comme moi sont de nouveau sur les dents et attendent avec impatience la suite des aventures de ce Freaks show from Hell.

Supplément sympa ; on peut retrouver l'univers de Zombillénium dans le clip de Skip the Use titré Nameless Word et visible ici :


À ce propos, le chanteur du groupe (enfin, ex groupe, snif...) Mat Bastard a aussi signé la bande originale du film, et prête sa voix à Sirius, le leader syndical zombie.

Verdict : jouissif ! et forcément, coup de coeur 💖

DUPUIS
volume 1 48 pages
volume 2 52 pages
volume 3 48 pages

Petit aperçu rapide de la série Péchés mignons d'Arthur de Pins, dont le trait plus arrondi (ses p'tites dames girondes sont très reconnaissables) et l'humour potache se marie parfaitement à l'érotisme bon enfant du scénario.
Racontant tour-à-tour les tribulations amoureuses et sexuelles d'Arthur, jeune parisien trentenaire chaud du slip, et de Clara, son ex coquine et Némésis (de Pins est alors rejoint par Maïa Mazaurette au scénario), cette BD est constituée de 4 tomes.


mercredi 18 octobre 2017

SNOWBLIND de Christopher Golden


4ème de couverture
"Au cours d’une terrible nuit d’hiver, la petite ville de Coventry fut frappée de plein fouet par une tempête de neige. D’une rare violence, celle-ci emporta avec elle plus d’une dizaine de victimes, à jamais perdues dans l’immensité blanche. Des familles entières furent brisées en une seule nuit, et l’existence des habitants de la petite ville en fut changée à jamais.
Douze ans plus tard, la vie a repris son cours à Coventry, même si subsiste chez les survivants une angoisse aussi sombre qu’irrationnelle à l’approche de l’hiver. C’est alors qu’une nouvelle tempête s’annonce, plus terrifiante encore que la précédente... car cette fois, les disparus de cette fameuse nuit maudite sont de retour."

Alors, doc, verdict ?
Je suis un peu surprise par la recommandation du "Grand" King, car si ce roman contient de bons passages, je ne l'ai pas trouvé totalement abouti.
Le style est parfois très sommaire, les personnages multiples m'ont paru peu approfondis, comme si leur histoire était juste effleurée. Du coup, les scènes d'intimité m'ont semblé forcées, et je n'ai pas ressenti de sympathie pour l'un d'entre eux.

[Oups, spoilers]
En ce qui concerne l'épouvante, on est loin du frisson qui nous laisse tremblotant au fond du lit. Les hommes de glace m'ont plutôt rappelé les détraqueurs de Harry Potter. Dommage, ça manque d'explication, on ignore d'où ils viennent, leur véritable nature, encore moins comment les combattre.
C'est là qu'on aimerait avoir les frères Winchester sous la main ! ^^

Parmi les éléments plaisants, j'ai bien ressenti le froid glacial de la seconde tempête. L'ambiance est très bien rendue, surtout lors des déplacements des uns et des autres à travers une ville balayée par le blizzard. C'est même le point fort du roman.

Je suis tout de même restée sur ma faim, la fin ne livre aucune réponse concrète, que ce soit à propos des monstres ou des conséquences sur les personnages, renforçant ce sentiment d'achever le livre sur une note mitigée.

Verdict : peut mieux faire

BRAGELONNE
384 pages

L'AMOUR ET TOUT CE QUI VA AVEC de Kristan Higgins


4ème de couverture
"Le jour de ses trente ans, Callie Grey doit se rendre à l’évidence : elle attend toujours que son ex-petit-ami – qui n’est autre que son patron – la demande en mariage.  Un espoir qui s’écroule lorsque Mark lui annonce qu’il est amoureux de sa nouvelle recrue, Miss Perfection,  accessoirement fille du plus gros client de l’agence.  Et comme si cela ne suffisait pas pour la déprimer totalement, sa mère lui organise une charmante petite fête d’anniversaire… dans le funérarium familial !
 Décidée à ne pas se laisser évincer sans réagir et pour aiguiser la jalousie de Mark, Callie entame une relation improbable avec Ian McFarland, le nouveau et très séduisant vétérinaire de Georgebury. Certes, Ian semble plus à l’aise avec les animaux qu’avec les humains – sans parler de la gent féminine… Certes, il est psychorigide sur les bords, voire un peu maniaque. Mais Callie, avec son optimisme légendaire,  décide de lui laisser sa chance…"

Alors, doc, verdict ?
J'ai tout simplement adoré !
Sur un ton humoristique, Kristan Higgins raconte les déboires amoureux des jeunes célibatantes comme personne. Ses romans sont de vraies comédies sentimentales à l'ancienne (en gros, sans scène de sexe détaillée). C'est assez surprenant. On s'attend à du feu sous la couette, tant l'héroïne n'est pas avare de détail sur ce que Ian provoque dans sa petite culotte.
Est-ce que ça manque ici ? Pas vraiment, même si un peu de sensualité n'est pas désagréable.

Le rythme est enlevé, les scènes se succèdent entre sourire et émotion, et on ressort avec une immense sensation de tendresse. C'est du pur feel-good.

Le personnage de Callie est indéniablement le point fort ; c'est une héroïne merveilleuse, d'une gentillesse confondante. Sa naïveté et son indéfectible besoin d'interpréter de travers les intentions des hommes dont elle s'entiche, sont drôles et la rendent encore plus adorable. Sa famille composée de personnalités toutes plus farfelues les unes que les autres est un régal. Cette consistance permet de véritables interactions avec le couple, on n'a pas ce sentiment de héros isolés au milieu de figurants.

Que dire du héros donc, vétérinaire de profession, le glacial Ian, si ce n'est d'être intriguant, avec son physique de tueur russe (je serais curieuse de connaître l'Apollon qui a servi de modèle à l'autrice, car je suis fan de ce type d'hommes), et dont les failles se révèlent attendrissantes.

J'ai adoré cette atmosphère de petite ville américaine, proprette, et où il semble faire bon vivre.
De plus, on a vraiment la sensation d'évoluer avec les habitants de cette petite ville du Vermont. Les personnages secondaires sont pittoresques et les paysages sentent la verdure. 🌲
Cela offre un cadre champêtre et provincial tout à fait pertinent.

Les épisodes professionnels (publicité pour Callie, ou vétérinaire pour Ian) sont savoureux, et s'intègrent naturellement au récit, sans qu'on ait envie de les zapper sauvagement.

C'est une très jolie réussite.

Verdict : coup de coeur 💖

HARPERCOLLINS
480 pages

dimanche 15 octobre 2017

OSEZ 20 HISTOIRES ÉROTIQUES DANS UN TRAIN de Collectif


4ème de couverture
"Vous ne savez plus quoi lire dans le TER qui vous amène chaque matin au travail ? Vous avez oublié de glisser dans votre valise le gros polar que vous aviez mis de côté pour les prochaines vacances ? Et si vous essayiez ce livre ? Avec Osez 20 histoires érotiques dans un train, vos trajets sortiront du train-train quotidien. De votre voisin de siège caché derrière son journal au contrôleur qui poinçonne votre billet d’un air sévère en passant par la retardataire qui entre toute essoufflée dans le wagon, tous ces gens que vous croisez habituellement sans les voir deviendront suspects. Même la voix qui annonce les gares dans le haut-parleur aura l’air de cacher un drôle de jeu ! Car une fois encore, les auteurs de la collection "Osez 20 histoires" s’en sont donnés à cœur joie sur un thème particulièrement propice au voyage… dans tous les sens du terme. Alors prenez garde à la fermeture des portes, et attention au départ !"

Alors doc, verdict ?
Cela fait plusieurs Osez 20 histoires que je lis, et à chaque fois j'en sors assez mitigée. La raison est simple ; regroupez plusieurs auteurs dans un shaker, seuls les plus forts sortiront du lot.
Plus sérieusement, c'est surtout une affaire de goût, il est donc logique que sur une sélection de 20 auteurs (ou presque), je ne trouve pas systématiquement chaussure à mon pied.

Sans être désagréable, loin de là, grâce à un thème titillant facilement la fibre coquine des voyageurs, ce recueil ne contient que 3 pépites inoubliables. Sur 20, ça laisse quand même pas mal d'histoires sur le carreau.

En l'occurrence, mes nouvelles préférées auront été :
- la torride "Intrusion" de Clarissa Rivière,
- la sensuelle "St Lazare 1943" d'Octavie Delvaux
- la sexy "Calamity train", encore d'Octavie Delvaux (sa plume virtuose me transporte lorsqu'elle se libère d'un côté égocentré en jouant son propre rôle dans ses récits).

Les autres, sans forcément être désagréables, n'ont pas réussi à se démarquer.
Parfois c'est dû à un défaut de style pas assez abouti. Parfois, il s'agit d'un ton trop cynique focalisé sur le verbe au détriment de l'excitation.
Parfois aussi, le manque cruel d'émotion rejaillit sur la façon dont on reçoit le texte en pleine figure. Plus ennuyeux, j'ai trouvé que certains textes n'avaient pas le niveau pour faire partie de la sélection.

Je reconnais avoir une part de responsabilité dans cet échec. Enchaînant la lecture des nouvelles jusqu'à l'écoeurement, il m'arrive d'être un peu "anesthésiée" et de ne plus apprécier les suivantes. D'autant que je les trouve souvent trop courtes (c'est hélas le propre et la limite technique de cette collection) et pas assez consistantes.
Certains auteurs parviennent à créer un univers complet, d'autres ont besoin de plus "d'espace" pour donner leur plein potentiel.
Pas facile de s'approprier un récit lorsqu'on passe au suivant en quelques pages.
Lorsqu'une nouvelle est plus longue, plus aboutie, elle se suffit à elle-même, et s'apprécie indépendamment des autres.

Mais la plupart du temps, ces nouvelles laissent un sentiment de frustration.

Dernier point un peu superficiel, je trouve la couverture très belle et évocatrice.

Verdict : Inégal

LA MUSARDINE
250 pages

OSEZ 20 HISTOIRES DE SEXE AUX SPORTS D'HIVER de Collectif


4ème de couverture
"Les obsédés font du ski.
On associe toujours le sexe torride à l’été, mais l’hiver, il s’en passe de belles aussi...
Des pistes enneigées aux chalets confortables en passant par la cabine des remontées mécaniques, le local du secouriste, la boîte de nuit locale ou le resto d’altitude, ça batifole dans tous les coins !
Dans ce nouveau recueil, vous découvrirez votre station de ski préférée telle que vous ne l’aviez encore jamais vue, à travers 20 histoires bien résolues à vous prouver que les sports d’hiver ne se résument pas au ski et à la fondue savoyarde.
Prêt pour une petite virée sur les sommets du plaisir ?"

Alors, doc, verdict ?
Sur les 20 nouvelles, quatre sortent vraiment du lot. Quelques autres m'ont fait passer un agréable moment, aussi ne vais-je détailler que ces deux premières catégories.
Le reste (11 textes, quand même) est souvent intéressant mais j'ai été moins réceptive au style des auteurs, je ne m'attarde donc pas. Je ne vois pas l'intérêt de flinguer pour le plaisir, lorsque ce sont des récits qui me sont "imposés" parmi des auteurs que j'aime, recueil de sensibilités diverses oblige. Ce qui me touche peut laisser froide une autre personne et inversement.

J'ai encore une fois noté un besoin d'évoquer La Musardine au sein même de certaines nouvelles, ce qui me laisse plutôt perplexe. Est-ce qu'en citant l'éditeur, on cherche à le flatter, est-ce une manière de nous dire "tu as vu ? Je suis un auteur estampillé La Musardine, moi", ou une mise en abîme un peu maladroite de l'auteur débutant ?
Perso, ce n'est pas ce que je préfère. Ça fait servile et peu professionnel.

Autre sujet de perplexité, l'alignement de mots crus, confondant érotisme et catalogue du petit pornocrate. Bien-sur que certains lecteurs ont besoin de se mettre dans une ambiance masturbatoire pour apprécier ces petites histoires. Pour ma part, le contexte et la tension sont bien plus efficaces. C'est d'ailleurs intéressant, car finalement, il y en pour tous les goûts.
J'ai pu lire des critiques acerbes à l'encontre des autrices, accusées de mièvrerie dès qu'elles inséraient du "romantisme" dans leurs écrits. C'est mépriser une part non négligeable du lectorat des Osez 20 histoires, mais aussi dénier aux hommes le droit d'apprécier l'amour entre les scènes de cul.
Heureusement, que les romancières ne se sont pas arrêtées aux atermoiements misogynes de quelques uns pour investir la littérature érotique.

D'un point de vue plus personnel, je ne suis pas fan des récits où perce la prétention de l'auteur, les déprimants, les pseudos poétiques verbeux, les tellement conceptuels qu'ils en deviennent abscons et ne dégagent aucune sensualité.
Et je suis toujours surprise de lire dans un recueil qui a dû faire l'objet d'une sélection drastique, des textes peu aboutis, sans chute, ou maladroits. Deux ou trois devraient ainsi revoir les bases de l'emploi des temps présent/passé simple/imparfait/plus-que-parfait…

J'ai beaucoup aimé :
Chaud froid de Pauline Bonvalet, bien écrit, mignon, sexy avec un soupçon de romantisme.
La Venus de neige de Blanche de Saint Cyr, doux, sensuel, romantique et doté d'une écriture assurée.
Team building à Ovronnaz de Frédérique Gabert, (mon préféré) avec un zeste d'humour bien tourné, délicieusement écrit, rythmé et sexy.
Télécabine-moi de Valéry K. Baran, joueur, pétillant et sexy.

Les sympathiques :
Glace pilée de Rita, amusant et excitant.
Prise rapide de MMK, sympa, sexy avec une pointe de romance bienvenue.
Ce soir, c'est soirée disco de Aude Alisque, très sensuel.
La neige et le feu de Clarissa Rivière, sexy et bien écrit.
Soir de neige d'Aline Tosca, surprenant avec la touche romantique et charnelle très plaisante.

Ayant parfois été très déçue par certains thèmes des Osez 20 histoires, je trouve que celui-ci a su proposer un travail globalement homogène, qui en fait un cru tout à fait correct.

Point supplémentaire totalement futile, j'ai moins aimé cette couverture très amateur, dont le traitement renvoie plus une idée de selfie de vacances un peu moisi, qu'à une couverture de livre.

Verdict : sympa

LA MUSARDINE
252 pages

vendredi 13 octobre 2017

SAMANTHA WATKINS, OU LES CHRONIQUES D'UN QUOTIDIEN EXTRAORDINAIRE tome 1 : PAS LE CHOIX de Aurélie Venem



4ème de couverture :
"Une nuit, alors qu'elle rentre chez elle, Samantha Watkins, jeune bibliothécaire au quotidien morne et insipide, va voir sa vie prendre un virage à 180 degrés de par sa rencontre avec un "ange"... Loin des gardiens du paradis, l'homme qui la choisit pour devenir son assistante et mettre sa vie en danger dans l'enquête sur les étranges disparitions de la région, est un vampire de cinq cents ans, dont la fonction principale est de veiller au maintien du secret de l'existence de son espèce. N'ayant d'autre choix que d'accepter, Samantha va découvrir un monde surnaturel tout aussi fascinant qu'effrayant..."

Alors, doc, verdict ?
J'ai été séduite par la couverture, belle, mystérieuse, une typo adéquate, bref, un vrai boulot de professionnel. Le succès et le consensus autour de cette série m'ayant mise en confiance, je l'ai donc achetée les yeux (presque) fermés.
De plus, la 4ème de couverture est excellente. Bien construite, distillant l'essentiel pour commencer à se créer une image dans la tête, elle est très accrocheuse. J'imaginais déjà une mignonne petite jeune femme réservée portant de grosses lunettes, suivant son patron de vampire avec toujours une pile de bouquins dans les bras. Une caricature, certes, mais un truc marrant, deux personnages totalement opposés mais aussi complémentaires.

Or si caricature il y a bien, c'est juste celle d'une sous-Buffy revêche à se mettre sous les crocs. Avoir du caractère n'est pas forcément synonyme de caractériel, on ne le répétera jamais assez.
Samantha Watkins, tout juste vingt-neuf ans, vierge et prude (ses commentaires acides sur les nuisettes ou les clubs pour adultes sont d'une rare intolérance), sans ami, sans famille, sans vie sociale (parce qu'elle ne fait aucun effort), est dotée d'une sacrée dose d’auto-apitoiement. Et lorsqu'elle tombe sur Phoenix, ses réactions et réflexions dévoilent une gamine capricieuse et une mégère.

Phoenix n'est guère mieux loti.
(le nom du groupe électro en tête n'aide pas à le prendre au sérieux...)
Satisfait de lui-même, son grand âge ne semble pas lui avoir apporté la sagesse séculaire et encore moins la culture dont il souhaite se prévaloir. Le langage familier qu'on lui met dans la bouche est terriblement ordinaire pour un érudit de plusieurs siècles. Sa "séduction" m'est totalement passée à côté. En bref, c'est un personnage superficiel, déjà vu, ni sympathique ni antipathique. Plat.

On me répondra, que ce ne sont que des ressentis, que de très nombreux lecteurs les ont adorés. Pas de souci, c'est absolument vrai.
En revanche, ce n'est pas le seul élément qui m'ait déplu, or le suivant est moins lié à l'émotion qu'à un défaut technique. Le style littéraire dans sa globalité et les dialogues en particulier sont maladroits. Trop longs, trop détaillés, manquant de subtilité, et inadaptés pour faire passer certaines émotions.
Petite référence au principe du Show, don't tell (montrer plutôt que raconter) qu'il serait judicieux d'apprendre par cœur. "C’est en montrant les émotions, sans en parler, que l’on permet au lecteur de s’identifier aux personnages. " (réf : blog Mécanismes d'histoires)
C'est particulièrement sensible avec les tentatives d'humour. Les sourires ou rires écrits en toutes lettres à la suite de "vannes" sonnent faux. Les souligner pour nous convaincre de la drôlerie des répliques, c'est risqué. Surtout quand elles ne le sont pas. Plus ennuyeux, elles font passer les personnages pour encore plus cons qu'ils ne le sont déjà.
Puisqu’une démonstration vaut mieux qu’un long discours, voici un extrait qui me semble symptomatique du problème. Pour situer le contexte, Samantha et Phoenix sont en voiture, Samantha vient de se réveiller d’un petit somme et se retrouve prise de nausées.

« Oubliant toute élégance, je fis comme les chiens, je passai la tête dehors et profitai du grand air (heureusement, je ne m’étais pas mise à aboyer !). La nausée finit par disparaître et je re-rentrai tout sourire, face à un Phoenix tout bougon.
- Vous avez l’air d’un épouvantail maintenant ! Pourquoi avez-vous fait ça ? me lança-t-il sur un ton de reproche.
Oh ! Ce qu’il pouvait être rabat-joie ! Il fallait vraiment qu’il se détende ! Je lui fis une horrible grimace.
- Qu’est-ce… mais qu’est-ce que vous faites ? s’alarma-t-il en me regardant d’un air ahuri.
En guise de réponse, j’empirai les choses. J’arrivais à me toucher le bout du nez avec ma langue, exploit dont peu de gens étaient capables ; j’en étais fière et j’agitais en prime mes mains sur ma tête pour accentuer mon effet.
- Blblblblbl ! 
Cela fonctionna. Phoenix me regardait comme si j’avais perdu l’esprit et il devait se demander s’il allait devoir me déposer à l’hôpital psychiatrique le plus proche. Je mis fin à son supplice en reprenant une attitude normale pour lui expliquer ma démarche. 
- Je vous montre ce que c’est que faire l’épouvantail. Il faut vous détendre un peu. 
Je sus après ma troisième grimace que j’avais gagné, quand il finit par libérer le rire qu’il essayait de contenir. J’avais réussi à le dérider, et en le faisant exprès cette fois-ci. C’était un véritable exploit. »


Ce passage plus que les autres a scellé le sort de ce roman, vite devenu indigeste. En effet, en quelques lignes, cet extrait réunit tous les éléments qui me déplaisent en général. Problèmes de forme (points d’exclamation omniprésents, tournures de phrase lourdes, parfois maladroites) et problèmes de fond (personnages ridicules, humour pas drôle, scène sans intérêt). En démultipliant ce type de scènes sur 460 pages, on a un aperçu du contenu.

Les références à Twilight et aux marathons DVD m'ont très vite satellisée hors du roman. Ça donne des scènes assez niaises qui flattent peut-être les lecteurs ayant les mêmes loisirs, mais sont franchement inutiles pour faire évoluer l'histoire.

L'histoire est convenue, toutefois, on ne peut nier la facilité de lecture. C'est simple, balisé, hélas, ça manque de rebondissements, et ça sombre souvent dans la mièvrerie. 
Sans le détester (pour cela il faudrait qu’il ait un message dégueulasse à faire passer, ce qui n'est absolument pas le cas), je l’ai juste trouvé sans intérêt. Une histoire qui n'apporte rien au genre et me rappelle une mauvaise expérience avec une série sur une meute de loups métamorphes. Une grosse déception, probablement due aux trop nombreux compliments que j'ai pu croiser sur ce premier tome. J'ai eu l'impression de ne pas avoir lu le même roman. Je vais d'ailleurs finir par éviter toutes les productions françaises autoéditées, lorsqu'elles sont portées par des communautés de fans. Quand on voit des auteurs reconnus et édités, dont les excellents romans recueillent moins d'une vingtaine d'avis sur Amazon et consorts, on se dit qu'il y a quelque chose de pourri au royaume des livres.
Alors oui, je sais qu'une majorité de lecteurs a aimé.
Sauf qu'en matière de lecture, il ne s'agit pas de savoir si l'un a raison par rapport à l'autre. Tout est affaire de ressenti, d'attentes personnelles et d'expérience. Je n’ai plus six ans, j’attends donc de mes lectures qu'elles s'adressent à une adulte appréciant la bit-lit, et non à une fillette surexcitée.
En bref, un roman dont l'histoire a du potentiel mais dont le traitement contient beaucoup de maladresses, trop à mes yeux pour adhérer au concept.

Verdict : décevant.

Autoédition
460 pages

jeudi 12 octobre 2017

PENNY DREADFUL saison 1


Synopsis :
"Londres, 1891, une menace quasi invisible massacre la population, Vanessa Ives, une jeune femme aux pouvoirs puissants et hypnotiques, rencontre et accepte de s'allier à Ethan Chandler, un homme rebelle et violent ainsi qu'à Sir Malcolm, un homme riche d'un certain âge aux ressources intarissables pour combattre cette nouvelle menace."

Interprètes :
Eva Green, Josh Harnett, Timothy Dalton, Reeve Carney...

Alors, doc, verdict ?
Concernant l'aspect technique, les bonus du DVD sont très intéressants pour les passionnés d'époque victorienne. Le livret joint fait la part belle aux biographies des acteurs et aux petites interviews des techniciens. Les disques eux-mêmes sont faciles d'accès ; la sélection des langues s'affiche en direct et on peut enchaîner les épisodes dans la foulée et en un seul clic.

La série quant à elle est une révélation.

J'en attendais beaucoup, séduite par un trailer intriguant, elle me l'a bien rendu.
Tout en sensualité morbide, les histoires nous plongent dans cette fin du XIXème londonien dès les premières minutes de façon effrayante et avec une grande efficacité.
Sans concession, elle dégage tout de suite une forte tension, qui se maintient sur toute la saison 1. 
D'ailleurs, on en sort sonné, retourné et presque en manque.

Les personnages incarnés par des acteurs "habités", séduisent malgré eux (ils ne sont pas sympathiques), c'est surprenant et un peu troublant. Le seul acteur un peu en deçà du reste de la distribution, le mignon mais un peu plat Reeve Carney, ne parvient pas toujours à incarner tout le venin d'un Dorian Gray.
Eva Green a rarement été aussi impressionnante. Fascinante en femme à la lisière de la folie, elle dégage un charisme fou. Intense, elle est totalement dans le ton gothique de ces histoires d'épouvante à six sous.

Si chaque épisode propose une aventure "aboutie", il s'inscrit dans une histoire globale avec fil rouge. Le plus intéressant, c'est que les synopsis se renouvellent sans cesse, on n'a jamais le sentiment de tourner en rond ou de se répéter, d'un point de vue narratif ou visuel.

Très travaillée, cette première saison offre une qualité digne d'un film de cinéma. Il me semble d'ailleurs que chaque opus est plus long qu'un épisode de série traditionnelle. Il faut dire qu'elle sort des sentiers battus, mais c'est peut-être dû à la collaboration américano-britannique qui a su mêler le meilleur des deux nations sans dénaturer ce siècle foisonnant mis en image.

Il y a aussi un petit côté Extraordinary gentlemen's league dans le canevas (et l'époque) mais en version sombre et sanglante, d'une belle densité psychologique.
Il s'agit d'une relecture réussie de nos plus grands romans gothiques.

Une série passionnante grâce à une distribution de premier ordre, de bonnes histoires et un aspect technique exceptionnel (bel éclairage, décors somptueux et beaux costumes), sans parler de la musique envoutante. Mention spéciale au thème du générique qui nous plonge tout de suite dans l'ambiance, entre ténèbres et envolées romantiques.

A ne pas mettre sous tous les yeux cependant !

Verdict : puissant, un gros coup de cœur 💖

CBS
8 épisodes de 1h05 environ

dimanche 8 octobre 2017

La Dark Erotica, ou la décadence d'une littérature en recherche constante de nouvelles idées





Après une courte recherche, j'ai réuni un petit florilège de couvertures US, qui illustre bien l'esprit de la Dark Erotica ; l'homme domine, par le sexe et la force, pourvu qu'il soit sexy.

Mais la Dark Erotica, c'est quoi ?
Un dérivé sexuellement explicite de la dark romance contemporaine, dont le canevas s'articule autour d'une relation amoureuse toxique entre les deux personnages principaux.

Au fil de mes réflexions, beaucoup d'éléments se sont entremêlés.
Ai-je été surprise par l'engouement des lectrices, pour un genre qui pousse à l'extrême l'idée de la femme objet ?
Pas tant que cela si on tient compte de l'aspect défouloir que présentent certaines lectures.
Toutefois, on dirait bien que cette image dévalorisante de la femme, majoritairement véhiculée par la pornographie actuelle, a gagné sa place dans l'esprit collectif. Son impact dans nos vies est même mesurable (j'y reviendrai).

En moins de dix ans, la romance a subi une mue particulièrement spectaculaire. Cette littérature ronronnant dans ses habitudes, a vu débarquer des pratiques jusqu'alors réservées à un public averti, qui ont aidé à dépoussiérer le genre.
Parfois pour le meilleur (libération du désir féminin) parfois pour le pire (l'enfermer dans des clichés rétrogrades).

Certaines collections éditoriales "pour dames", flairant le potentiel économique de l'érotisme, ont décliné avec un succès fulgurant, des histoires réutilisant les grosses ficelles de la romance traditionnelle en les saupoudrant d'une bonne dose de sexe, titillant ainsi les désirs d'une population biberonnée à Cendrillon, Pretty Woman et Youporn.

De Candy à la pornostar, chronique d'une innocence perdue à jamais.

C'est un fait, le sexe fait vendre. Que ce soit dans la presse (on ne compte plus les articles "comment dégotter un sex-friend", "je veux jouir", "réaliser ses fantasmes avec Jules") dans la pub, à la télé ou sur internet, le sexe est partout.
C'est devenu un objet de consommation comme un autre. Les fameux "tubes" ne sont plus une chasse-gardée masculine. Les femmes regardent du X (31% du panel interrogé, selon une étude du Marie Claire US datée d'octobre 2015, une étude IFOP de 2012 ramène quant à elle ce chiffre à 18%). Plus concrètement, d'après les hébergeurs de sites, cela représenterait 1 visite sur 3.
Cet entrisme a forcément eu des répercutions sur la sexualité féminine et plus généralement, sur les comportements féminins.

Aujourd'hui, croiser une jeune femme qui n'a jamais goûté aux "joies" de la fellation est aussi rare que découvrir un neurone actif chez Ribéry. La sodomie n'est plus une pratique réservée aux "femmes de petite vertu", le bondage est sorti du placard, quant à l'éjaculation faciale...
Enfin bref.
Notons que toutes ces pratiques ayant intégré nos habitudes sexuelles par la force des choses (et une certaine pression de la société moderne), sont prioritairement axées sur le plaisir masculin. Et plus inquiétant, dans une société où la femme doit continuer à se battre quotidiennement pour être respectée, ces pratiques affichent plus qu'ouvertement le besoin de domination masculine. Comme si on nous permettait du bout des lèvres l'indépendance dans l’espace public, tant que dans l'intimité, nous continuions à nous soumettre aux envies du partenaire.
En parallèle, influencées par des icônes trash issues de la culture porn (Paris Hilton, Kim Kardashian, Clara Morgane, Zahia, etc.), les jeunes femmes ont adopté les stéréotypes du X les plus ostentatoires, jusqu'à tomber dans une certaine surenchère, brouillant encore plus la frontière entre la maman et la putain, sans pour autant sortir la femme de "l'objetisation". Le culte voué par les jeunes générations à l'aspect esthétique du porno est présent dans notre quotidien ; maquillage et fringues over sexy, épilation intégrale, obsession du corps parfait et quête de la performance sexuelle (mais quid du plaisir et du partage ?), etc. L'épanouissement ne passe plus par des valeurs intellectuelles, mais uniquement par l'image.
Cette évolution a fait l'objet d'un documentaire très intéressant d'Ovidie intitulé "À quoi rêvent les jeunes filles" que je vous invite fortement à regarder.
Un lien pour en savoir plus : http://www.telerama.fr/television/a-quoi-revent-les-jeunes-filles-le-doc-d-ovidie-disponible-sur-youtube,128508.php

Il était alors logique que la sexualisation du quotidien rejaillisse à un moment ou un autre sur la littérature. C'est donc par le biais d'un genre plébiscité par le lectorat féminin que les mots érotiques sont entrés en masse dans les foyers.

De la fille qui lisait un Azur en cachette à celle qui dévore un petit Esparbec illustré dans le métro.

La littérature a commencé plutôt gentiment, à coup de pan-pan cucul aseptisé, avant de sortir assez vite l'artillerie lourde. Ainsi a explosé la Dark Erotica, (pour vulgariser : imagine une version totalement romantisée et dégénérée de l'histoire de Natascha Kampusch, tu auras le scénario-type).
Cette escalade vers le glauque s'est amorcée dès les 50 nuances de Grey et son héros pathologiquement siphonné. En sus, et plutôt inédit dans la romance mainstream, l'univers du BDSM sorti des milieux underground, a prouvé le côté bankable de pratiques jusque-là taboues.

Si le zinzin maniaque a connu de beaux jours avec des milliers de déclinaisons de ce modèle, son rôle se bornait encore à nous rejouer les Pygmalion modernes.
C'était sans compter le phénomène engendré par le succès surréaliste du nuancier Bricorama.
Prises d'une frénésie de célébrité, et rêvant de virer EL James de sa place de reine du cul-culte, de nombreuses autrices (dont une majorité d'auto-éditées) se sont alors emparé de thèmes flirtant allégrement avec le malsain, les limites morales voire légales. Elles ont joyeusement mis les doigts dans le purin, alors que plusieurs affaires de séquestration avec viol et parfois syndrome de Stockholm faisaient l'actualité.
Le sujet idéal pour faire le buzz venait de télescoper son destin ! En effet, pour faire parler d'un roman, les nouvelles autrices ont vite joué la surenchère. Elles avaient le sujet, il leur fallait le héros. Au lieu d'un gros dégueulasse en claquettes/chaussettes, il suffisait de réutiliser le zinzin, pardi !
C'est ainsi qu'est né le héros contemporain de Dark Erotica.

De la fille qui exprime un profond dégoût pour les prédateurs sexuels de faits divers, à celle qui fantasme sur la version fiction, pourvu qu'elle ressemble à un top model de chez Hugo Boss.

Ayant bien retenu la leçon du vilain petit Grey, l'homme a été doté d'un physique d'Apollon ténébreux irrésistible, et d'un background mélodramatique faisant passer la bio de Pablo Escobar pour un Oui-Oui au pays de la poudreuse des plus mignonnets.

Traversant actuellement l'ère de l'héroïne insipide, après les "castratrices" Xena, Buffy ou Sharon Stone, il a suffi d'exploiter son trait de caractère principal : l'indécision.
Dans ces romans, l'indécise endosse le rôle pour lequel elle est naturellement taillée : proie, jouet sexuel, prise de guerre, objet de chantage. Enlèvement, tortures physiques ou psychologiques, viol, rien ne lui est épargné. Il faut qu'elle souffre (et elle souffre joyeusement) pour gagner le cœur d'un héros qui aurait dû, en toute logique, finir (rayez la mention inutile) dans une cellule capitonnée, sous les balles du FBI ou sous les pneus d'un tank.
Mais non.

Utiliser un pervers narcissique, c'est la certitude d'un héros réussi, devant lequel des millions de lectrices vont se pâmer. Magique. Toute victime d'un PN vous dira que le type en question ne se soigne pas à dose de "t'es trop beau, je t'aimeuuu". En fait, il ne se soigne pas du tout. Pas plus qu'un psychopathe.
Romantiser une relation toxique et mortifère, est-ce donc ça qui fait désormais rêver la lectrice ?

Et si pour les fans, la Dark Erotica se résumait à ça ?


Bizarrement, la première image que j'en retiens, c'est plutôt ça :

                                                              (Grave encounters)

Sans remettre en question son droit d'être publié et proposé à un public averti, il est évident que ce type de roman n'est pas anodin, et n'a pas forcément sa place dans les rayons romances, et ce, sans warning explicite.

Il ne s'agit bien évidemment pas de l'interdire, mais d'alerter le lecteur de ce qu'il tient entre les mains.

En effet, pourquoi imposer à la pornographie et aux œuvres violentes ces fameux warnings sous peine de poursuites judiciaires, alors que la Dark Erotica y échappe ?
Qu'est-ce qui légitime cette bienveillance ?
À lire la façon dont la Dark Romance/Erotica est défendue, on dirait qu'il y a une forme de bravade. Quand on s'interroge sur la Dark, on est arbitrairement dénoncée comme coincée du cul. Tout ça ne dissimulerait-il pas une certaine difficulté à accepter les émotions qu'elle génère ? On se réfugie derrière l'aspect psychologique de la relation pour justifier l'intérêt, parce qu'il est plus difficilement avouable d'être fascinée par l'escalade de violence. Comme si reconnaître cette fascination rendait la lectrice complice des sévices. Pas facile d'assumer sa curiosité malsaine pour les scènes de viol et de tortures.

Pourtant, c'est bien en flattant nos instincts les plus vils (voyeurisme, sadisme, obscénité) que cette littérature parvient à nous accrocher. En alternant le chaud et le froid (l'agression et la séduction), elle utilise une arme bien connue de certains groupuscules : le conditionnement.
En tant que femmes, nous baignons déjà dans la violence d'une société en pleine mutation. Que cette violence soit larvée (contre nos droits) ou plus offensive, nous avons appris à vivre avec. Nos fantasmes se sont construits en fonction de cette atmosphère. Or la Dark Erotica entretient le besoin instinctif de "guérir" le salaud, et d'en être naturellement victime.
Cela a beau "n'être que de la fiction", doit-on se réjouir d'un happy-end entre une femme torturée et son bourreau, sans qu'il ait à subir les conséquences de ses actes ? Pourquoi cette complaisance à enchaîner les scènes les plus crues et les plus violentes ? À quel moment a-t-on jugé inutile d'avertir le public du contenu d'une œuvre tant qu'elle finit par un happy-end (relatif) ?

Bref, qu'est-ce que ça dit de nous ?

Que le calvaire d'une femme nous fascine.
Que voir le pire des monstres absout de ses crimes grâce à l'amour de sa victime, c'est normal.
Que ce n'est pas la femme qui compte dans l'histoire, mais son bourreau. On se demande jusqu'où l'homme est capable d'aller pour la briser, jamais si sa victime va subir des séquelles de ces sévices.
On entretient ce sentiment qu'une victime le cherche, quelque part, pire, que ça lui donne de l'importance aux yeux du "héros".
Selon moi, la Dark Erotica ne fait que renforcer la conviction qu'une femme doit souffrir pour être aimée, et en caricaturant, qu'une femme ne doit son salut qu'à travers le bon-vouloir d'un cinglé.
Encore faut-il que le gars soit beau (friqué, c'est encore mieux).


Et si c'était un nouveau moyen d'assouvir le très populaire fantasme de viol ?
N'est-il pas inquiétant justement que nous rêvions d'être l'objet d'une obsession tellement puissante, qu'elle "oblige" l'homme à abuser de nous ?
Cela ne renforcerait-il pas le délire qu'une femme "recherche ça", au fond, que pour la séduire, elle doit être "forcée" de reconnaître son attirance, offrant la pire des justifications à tous les violeurs ?
N'est-ce pas aller dans le sens de cette société patriarcale qui enseigne qu'une femme ne sait rien de son désir, tant qu'un homme ne le lui a pas montré ?

Au final, ce type de lecture est-il un exutoire, a-t-il l'effet cathartique tant espéré, ou n'est-il qu'un prétexte pour entretenir, sous couvert de fiction, ce qu'il y a de plus sombre en nous ?

samedi 7 octobre 2017

SEX IN THE KITCHEN de Octavie Delvaux


4ème de couverture
"Charlotte, jolie brune de vingt-huit ans, partage ses journées entre son boulot répétitif de maquettiste, sa passion pour les recettes bios et son blog culinaire qui cartonne. Seule ombre au tableau : sa vie de couple soporifique. Intriguée par les aventures sexuelles de ses deux meilleures copines, Morgane, la fashionista nymphomane, et Déborah, la dominatrice-orthophoniste, Charlotte rêve secrètement d’ébats plus pimentés. D’un jour à l’autre, sa petite vie va basculer. Elle plaque son mec, un nouveau directeur aussi odieux qu’irrésistible débarque dans sa boîte et un mystérieux admirateur lui fait des avances carrément indécentes…"

Alors, doc, verdict ?
Ce roman, c'est ma bouffée d'air frais de la rentrée.
Oh, bien-sûr, j'ai quelques années de retard. Acheté dès sa sortie, perdu dans les méandres de ma liseuse, c'est le jeu du "doigt qui pointe au pif " qui l'a sorti des limbes de ma PAL cette semaine. Mieux vaut tard que jamais.

Ma première sensation après lecture, c'est d'avoir eu entre les mains un roman associant l'esprit La Musardine (du Q très parisien), l'ambiance Sex and the City (la série TV, pas le livre nullissime, d'un groupe de copines décomplexées), et plus lointain, une pincée de Max (magazine érotico-chic des années 80/90) avec les aventures de Miss Trick et les illustrations coquines de Arthur de Pins (ce loulou-là, j'y reviendrai).
Pour la petite histoire, adolescente, j'étais abonnée à cette revue "masculine" qui a développé chez moi le goût du beau (les photos étaient à tomber), celui de la découverte (de bons articles de fond sur l'actualité) et évidemment celui de l'érotisme.

Si je n'ai pas retrouvé le panache des versions courtes d'Octavie Delvaux, qui manie la langue avec la dextérité d'un coup de fouet de Catwoman, j'ai adoré ce mélange des genres, chick-lit (réduction sexiste pour dire comédie sentimentale) et érotisme cru et bon enfant.

Sous une lecture sans prétention, on reconnaît vite l'autrice avertie et sa maîtrise de certains codes. Associé à son désir d'amuser ses lecteurs, son roman est une véritable explosion de bonne humeur contagieuse.
L'avoir comparé aux 50 nuances, comme j'ai pu le lire dans la presse, c'est opposer la liberté sexuelle made in Paris à la déferlante pan-pan-cucul propret des US, et ça relève d'un énorme hors sujet.
Les deux romans ne jouent pas dans la même cour et encore moins pour la même équipe. Car si l'un a ravagé la littérature féminine avec son pervers narcissique porté aux nues, le second l'a sérieusement décomplexée.

Pour en revenir à SEX IN THE KITCHEN, sans surprise, on sent flotter l'influence de Candace Bushnell sur les relations entre ces trois copines. Imparfaites et l'assumant sans peine, elles dégagent beaucoup de sympathie et d'énergie. Le quatrième larron de la bande, Ben, joli puceau de vingt-six ans, fait figure d'image masculine un peu floue. C'est d'ailleurs le lot de ses comparses, entre veulerie et soumission. Un drôle de renversement de situation (out, le mâle alpha hyper dominant), qui n'est pas pour me déplaire.

J'ai adoré les personnages secondaires (même les muets), tout comme les figurants qui ont tous un rôle truculent à jouer dans cette comédie.
J'ai aussi aimé la pétulance des dialogues (qui usent de vulgarité, sans sombrer dans l'ordinaire), la quête de Charlotte (aaah, Boris, tu me fais voir la légion - et ma table basse - d'un autre oeil), les scènes de sexe franchement réussies, les situations cocasses, la simplicité du récit qui ne s'encombre pas de superflu.

Mais alors, vais-je tenter la suite : SEX AND THE TV ?
Pour le coup, j'hésite encore. Certains points, gentiment spoilés par des lecteurs, m'ont un peu refroidie.
Hélas, si c'est le seule moyen de retrouver Octavie, il va bien falloir que je le tente...

Verdict : fun fun fun !

LA MUSARDINE
320 pages

mardi 3 octobre 2017

PENELOPE réalisé par Mark Palanski


Synopsis
"À cause d'une malédiction ancestrale, Penelope naît avec un nez de cochon. Pour conjurer le mauvais sort, elle doit épouser un noble. Mais bien sûr, tous fuient à sa vue. C'est alors qu'arrive Max Campion, noble mais sans le sou à force de passer ses nuits blanches à jouer au poker..."

Acteurs
Christina Ricci, James McAvoy, Catherine O'Hara, Peter Dinklage...

Alors, doc, verdict ?
Voilà un joli petit film sans prétention, qui reprend à son compte le thème de la Belle et la Bête pour le revisiter avec poésie et une pincée de l'univers d'Amélie Poulain.

Christina Ricci est à croquer, malgré ce groin disgracieux, toutefois, j'ai trouvé qu'elle forçait un peu son jeu et ses mimiques "mignonnes" pour attendrir le spectateur. Quant à James McAvoy, capillairement tout à fait dans l'air du temps -loin d'être son atout - il est réellement émouvant.
Reese Witherspoon, productrice du film, s'est offert un petit rôle fort sympathique en toute humilité, elle gagne ainsi en saveur.

J'ai beaucoup aimé certains décors, et je regrette qu'ils n'aient pas été plus exploités et intégrés dans la trame. Et j'ai goûté avec bonheur aux vêtements colorés de l'héroïne.
En revanche, je me demande ce que des réalisateurs comme Tim Burton ou Alfonso Cuaron auraient pu tirer d'une histoire proche de leur univers. Alliant  style très étudié et ambiance atypique, il a déjà beaucoup de personnalité, mais il lui manque une pincée d'ironie et une pointe d'extravagance pour le rendre parfait.

Cela n'en reste pas moins un spectacle sympathique, beau à regarder et intéressant à suivre.

Pour finir, c'est un film idéal pour une soirée "cocooning" ou un après-midi avec des enfants, car il est abordable au premier degré à partir de 7/8 ans.

Verdict : mignon

MOMENTUM
100 minutes

lundi 2 octobre 2017

TOURBILLONS de Judith McNaught


4ème de couverture
"Pauvre petite fille riche et malheureuse... Étouffée par son père, Meredith se jette dans les bras de Matt. Le résultat ne se fait pas attendre : Meredith est enceinte... Matt lui propose aussitôt de l'épouser. Mais sans fortune, il n'a aucune chance de convenir à son beau-père. Lequel emploi alors toute son énergie à détruire le mariage de sa fille. Avec succès. Onze ans après cette brève et dramatique union, Meredith, désireuse de se remarier, apprend que son divorce n'a jamais été légalement prononcé. Elle décide de revoir son ancien mari pour obtenir un accord à l'amiable... Matt ne l'a jamais oubliée. Aujourd'hui à la tête d'un empire financier, il tient sa revanche... Il ne donnera son accord que si Meredith accepte de lui consacrer une journée par semaine pour qu'ils apprennent à mieux se connaître. Curieux marché... Elle n'a pas le choix, de toute façon. Mais il faut se méfier des volcans que l'on croit éteints... Une étincelle et le brasier se ranime."

Alors, doc, verdict ?
Un magnifique roman racontant le destin sur plusieurs décennies d'une riche héritière, qui prend en main l'entreprise familiale avant de retomber sur son premier amour qui lui a brisé le coeur.

Cela a un côté clinquant très années 80. Ça m'a rappelé la série Dynasty,
où l'argent, les écheveaux familiaux, et les intrigues financières ou amoureuses alimentaient chaque semaine de nouveaux épisodes. TOURBILLONS a été écrit au début des années 90, et on reconnait l'atmosphère de ces années là. 
Pourtant l'écriture reste moderne.
C'est le mélange parfait entre la sensualité flamboyante et assumée de la romance contemporaine avec l'émotion, la profondeur ainsi qu'un scénario très travaillé.
S'ajoutent des caractères moins stéréotypés que dans les romans d'amour habituels.

Par ailleurs, le roman n'est pas constitué de petits intermèdes rébarbatifs entre deux scènes sentimentales. Les épisodes se déroulant en entreprise sont intéressants et constituent un socle solide pour le roman.
Je me croyais incapable de suivre ces passages moins glamours or je me suis surprise à les lire jusqu'au bout.

Une romance aujourd'hui inclassable, qui ne fait toujours pas l'objet d'une ré-édition.
Pourtant, Judith McNaught est un auteur à succès régulièrement éditée chez J'AI LU (qui a eu moins de scrupules à ressortir des livres médiocres comme La chambre des délices).
Peut-être que le contexte très XXème siècle du roman ne facilite pas la démarche.

Loin des standards actuels de la littérature sentimentale qui privilégie la surenchère érotique au détriment de l'intrigue, ce roman est plus dense, plus malin, plus classe.
Une réussite.

Verdict : j'ai adoré

FRANCE LOISIR
561 pages

dimanche 1 octobre 2017

LES ERRANTS 3 : DISPERSIONS de Denis Labbé

4ème de couverture
« Alors que je me saisis sans doute pour la dernière fois de mon crayon, je sens le poids du monde sur mes épaules. »
"Toujours aux portes de Lunéville, les ados survivants, menés par Marion, doivent affronter de nouvelles menaces. Dans un monde qui se décompose, les Errants ne sont plus leur unique inquiétude. Entre les mutations qui se développent, les bandes armées qui battent la campagne et les militaires qui ne parviennent pas à repousser les hordes en marche, la petite troupe va devoir faire preuve d’initiatives, de courage et de sacrifice pour s’en sortir. Il n’est pourtant pas certain que tous y parviennent.."

Alors, doc, verdict ?
Pas d'arrêt sur image sur le tome 2 qui enchaîne directement sur le précédent. Défauts et qualités s'y retrouvent, avec un petit plus, la rencontre de nouveaux types de zombies, entretenant ainsi la tension à son maximum.
Je passe donc directement au tome 3.

Ayant suivi les aventures de Marion et sa bande depuis le début, je me demandais comment Denis Labbé allait conclure son histoire. Ce n'est d'ailleurs que la fin d'un premier cycle, l'auteur ayant produit deux séries dérivées de celle-ci.

Un mot sur la couverture. J'aime beaucoup le travail de l'illustrateur sur ces trois tomes, mais là, j'ai tout de même émis un petit cri de souris en découvrant la dernière.
Si ça se met à spoiler dès la couverture, mais où va-t-on mon bon monsieur ?

Enthousiasmée par une micro nouvelle PETIT PAPA ERRANT dont j'avais goûté le sens du style et la parfaite maîtrise de l'angoisse, j'avais apprécié l'intrigue des ERRANTS, sans adhérer à la narration et au caractère du personnage principal.

Ceci étant, je ne partage pas les critiques concernant la redondance des aventures de ce groupe d'ado, bien que certaines scènes n'aient rien apporté à l'intrigue.
Cela ne me dérange pas car ça fait aussi partie du genre ; on se fait attaquer par des zombies, on les combat, on s'enfuit, on se planque, on se fait attaquer par des zombies, on les combat, etc.
Ce qui permet à une histoire d'avancer, c'est l'évolution des personnages, l'introduction de nouveaux, leurs interactions et leur appréhension de la situation, voire le contexte des attaques. Le reste est un éternel recommencement, la série THE WALKING DEADS en est la parfaite illustration.

Les choses qui ne m'ont pas convaincue.
Je réitère mes réserves concernant Marion, et les dialogues.
Malgré la narration insistant lourdement sur la façon dont elle est perçue par le groupe, et les tentatives de l'auteur d'en faire le leader vers lequel il semble naturel de se tourner, Marion n'a aucun charisme. Ses contradictions perpétuelles (hystérie/introspection/jalousie/auto-apitoiement) la rendent pénible tout en accentuant le décalage avec d'autres personnages plus intéressants.
Dans les faits (et c'est bien triste parce que j'aurais adoré que Denis Labbé réussisse un personnage principal féminin), c'est Louis qui se voit attribuer ce rôle.
C'est amusant car un personnage comme Cornélia, plus constant, mature, singulier et offensif en avait l'étoffe, justement. Personnage à gros potentiel, l'auteur en a fait l'héroïne d'une de ses séries dérivées PROJET CORNELIA, et Louis le héros de l'autre série ERRANCES.
Ce n'est donc pas un hasard.

Concernant les dialogues, ils sont toujours trop élaborés, que ce soit dans la bouche d'ado ou d'adultes, et tiennent peu compte du contexte (urgence et danger). Trop littéraires, donc peu spontanés, trop longs, ils cassent le rythme et alourdissent les échanges.
Ça m'a donné une image scolaire du texte.

En aparté : trop de "ma puce" tue (comme le virus). Les ado actuels font rarement dans ce genre de mièvrerie. Prénoms, surnoms, insultes "affectueuses", leurs échanges sont de plus en plus empreints d'une agressivité, qui me semble mal restituée ici. Dans la vie réelle, quand deux filles se charrient, ça tourne vite au "arrête de faire ta connasse" (agacement affectueux). Le "t'es conne", est rarement employé entre vraies copines (insulte dévalorisante).

En dehors d'une mention erronée sur les cours martiales lors d'une discussion avec un militaire français (les CM ont été supprimées en 1928, quant aux tribunaux militaires, c'était en 2012), j'ai trouvé le boulot de documentation convaincant.

Les choses qui m'ont plu.
Pas de doute, Denis Labbé sait raconter une bonne histoire.
Mêlant Grande Histoire et survival contemporain, il a su insuffler ce sentiment d'urgence et de danger dans chaque scène. J'ai justement adoré le fait qu'à chaque étape, le danger rode, qu'il n'y ait pas de petit paradis intouchable. C'est désespérant, mais c'est ça une histoire de zombie ; le côté inéluctable de la pandémie qui malgré la lutte, gagne toujours plus de terrain.

Son idée de créer différents types d'errants est géniale, y compris les explications concernant leur création. J'aurais d'ailleurs aimé qu'il creuse la question et explore toutes les hypothèses dans ce tome, raccourcissant en retour l'état de siège dans les différents villages.

J'ai aussi apprécié l'interaction entre les personnages. Occultant (involontairement) la narration à la première personne lors des scènes d'action, j'ai enfin pu placer les personnages sur un pied d'égalité. Ces scènes-là sont haletantes, bien construites, et mettent en valeur les autres protagonistes.

Celui de Jean-Michel est le plus intriguant, même si le côté "va-t-en-guerre" est excessif. C'est avec Cornélia celui qui me plaît le plus.
Encore une fois, pas de hasard, ces deux-là se retrouvent dans une série dérivée.

Pour finir, cet indéniable savoir-faire rend le récit addictif, ménage les phases de suspense tout en conservant l'intrigue sous une tension permanente.

Toutefois, si un auteur doit être différencié de son œuvre, les réseaux sociaux permettent de révéler les caractères, et de dénoncer certains comportements. Pour avoir croisé Denis Labbé au détour de différentes discussions, et ne parvenant plus à occulter les propos injurieux ou le ton condescendant sur lequel ils avaient été tenus, j'ai décidé de ne plus acheter ses romans ni de suivre la carrière de cet auteur.

Verdict : une lecture prenante

ÉDITIONS DU CHAT NOIR
330 pages en numérique